L’article se concentre sur les deux romans d’Henry Céard, Une belle journée (1881) et Terrains à vendre au bord de la mer (1906), qui déclinent, à l’orée de la crise du naturalisme pour l’un, et aux confins de la décadence pour l’autre, le paradigme de la déconstruction aussi bien thématique que formelle qui va s’affirmer comme l’un des constituants du roman fin-de-siècle. Le roman de 1881, qui interprète le mythe flaubertien du «livre sur rien», se construit sur l’évidement de l’intrigue, la banalité de la vie et l’ennui qui en dérive, privilégiant l’esthétique de la platitude et exploitant le caractère d’anti-sujet du thème de l’adultère. Alors qu’il radicalise les procédés romanesques du naturalisme, Une belle journée ouvre la voie au roman du XXe siècle. Terrains à vendre au bord de la mer apparaît comme une œuvre-bilan, réceptacle en même temps que décristallisation de l’idéalisme et désymbolisation de ses mythes. À la recherche d’une totalité qui finit par traduire une perception et une vision du monde dominée par une fragmentation dissolvante, l’œuvre de 1906 est le reflet d’une époque de crise mais aussi une synthèse romanesque clairvoyante de cette période d’expérimentation foisonnante que fut la fin-de-siècle.
Variations sur le thème de la déconstruction dans l'œuvre romanesque d'Henry Céard
Federica D'Ascenzo
2021-01-01
Abstract
L’article se concentre sur les deux romans d’Henry Céard, Une belle journée (1881) et Terrains à vendre au bord de la mer (1906), qui déclinent, à l’orée de la crise du naturalisme pour l’un, et aux confins de la décadence pour l’autre, le paradigme de la déconstruction aussi bien thématique que formelle qui va s’affirmer comme l’un des constituants du roman fin-de-siècle. Le roman de 1881, qui interprète le mythe flaubertien du «livre sur rien», se construit sur l’évidement de l’intrigue, la banalité de la vie et l’ennui qui en dérive, privilégiant l’esthétique de la platitude et exploitant le caractère d’anti-sujet du thème de l’adultère. Alors qu’il radicalise les procédés romanesques du naturalisme, Une belle journée ouvre la voie au roman du XXe siècle. Terrains à vendre au bord de la mer apparaît comme une œuvre-bilan, réceptacle en même temps que décristallisation de l’idéalisme et désymbolisation de ses mythes. À la recherche d’une totalité qui finit par traduire une perception et une vision du monde dominée par une fragmentation dissolvante, l’œuvre de 1906 est le reflet d’une époque de crise mais aussi une synthèse romanesque clairvoyante de cette période d’expérimentation foisonnante que fut la fin-de-siècle.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.