Lorsqu’en 1886 Édouard Dujardin publie sa première œuvre, un recueil de contes intitulé «Les Hantises», la critique de l’époque en souligne l’indétermination générique. Son roman «Les Lauriers sont coupés», qui paraît un an plus tard et qui marque la naissance du monologue intérieur, participe de ce même climat littéraire dominé par une exigence de libération des formes et caractérisé par une interrogation constante sur les possibilités de fusion des genres. La correspondance des arts et la synthèse des genres est en effet au cœur du programme symboliste et s’accompagne du discrédit affiché envers le langage du récit au profit de l’empire hégémonique de la poésie. L’article analyse la production de Dujardin contemporaine des «Lauriers sont coupés», se penche sur les débats littéraires de l’époque – qu’animent entre autres Teodor de Wyzewa, Stéphane Mallarmé et Richard Wagner – et sur la réflexion autocritique de Dujardin, pour montrer que le monologue intérieur est le produit expérimental de cette hybridation généralisée. La production d’Édouard Dujardin reflète en effet les oscillations et les tentatives d’union de la poésie et de la prose, affiche la volonté de concilier la musique et la poésie, adoptant les formes les plus diverses (vers libre, poème en prose mêlé de vers, monologue dramatisé, roman poétique). Si elle s’avère particulièrement intéressante pour saisir l’atmosphère effervescente de la fin du XIXe siècle et sa portée expérimentale, son analyse permet aussi de mettre au jour les raisons pour lesquelles le monologue intérieur mis au point par Dujardin ne réussit pas à s’imposer.

Osmoses génériques et polymorphisme scriptural dans l'œuvre d'Édouard Dujardin

Federica D'Ascenzo
2022-01-01

Abstract

Lorsqu’en 1886 Édouard Dujardin publie sa première œuvre, un recueil de contes intitulé «Les Hantises», la critique de l’époque en souligne l’indétermination générique. Son roman «Les Lauriers sont coupés», qui paraît un an plus tard et qui marque la naissance du monologue intérieur, participe de ce même climat littéraire dominé par une exigence de libération des formes et caractérisé par une interrogation constante sur les possibilités de fusion des genres. La correspondance des arts et la synthèse des genres est en effet au cœur du programme symboliste et s’accompagne du discrédit affiché envers le langage du récit au profit de l’empire hégémonique de la poésie. L’article analyse la production de Dujardin contemporaine des «Lauriers sont coupés», se penche sur les débats littéraires de l’époque – qu’animent entre autres Teodor de Wyzewa, Stéphane Mallarmé et Richard Wagner – et sur la réflexion autocritique de Dujardin, pour montrer que le monologue intérieur est le produit expérimental de cette hybridation généralisée. La production d’Édouard Dujardin reflète en effet les oscillations et les tentatives d’union de la poésie et de la prose, affiche la volonté de concilier la musique et la poésie, adoptant les formes les plus diverses (vers libre, poème en prose mêlé de vers, monologue dramatisé, roman poétique). Si elle s’avère particulièrement intéressante pour saisir l’atmosphère effervescente de la fin du XIXe siècle et sa portée expérimentale, son analyse permet aussi de mettre au jour les raisons pour lesquelles le monologue intérieur mis au point par Dujardin ne réussit pas à s’imposer.
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