L’autotraduction représente une pratique plutôt tardive dans le cadre des activités intellectuelles de Jacqueline Risset. L’autrice autotraduit en italien son recueil de poèmes «L’Amour de loin» lorsqu’elle constate l’impact que le texte de «La Divine Comédie» de Dante produit sur sa propre poésie. «Amor di lontano» témoigne ainsi de la rencontre linguistique et culturelle de deux poètes et de l’assimilation de l’italien, langue d’adoption de Jacqueline Risset, au niveau de la création. Cette autotraduction, redevable au tournant dantesque de sa production poétique, permet à l’autrice de livrer une image de soi à travers ses conceptions littéraires cristallisées autour du thème de l’«amor de lonh» rudellien. Vingt ans plus tard environ, l’autoanthologie autotraduite «Il Tempo dell’istante. Poesie scelte 1985-2010» livre au public italien l’autoportrait de l’autrice et affiche sa volonté de prendre place dans la tradition littéraire de son pays d’adoption. L’article démontre comment la pratique autotraductive, à l’origine d’une réflexion et d’une prise de conscience de la multiplicité intérieure du sujet autotraduisant, ainsi que le concept d’‘instant’ au cœur de sa poésie, acheminent progressivement Jacqueline Risset vers l’écriture de soi, en libérant les cellules les plus intimes et les plus profondes de la perception et en favorisant une approche à la prose.
L'espace autotraductif rissetien entre autobiographie intellectuelle et écriture de soi
Federica D'Ascenzo
2022-01-01
Abstract
L’autotraduction représente une pratique plutôt tardive dans le cadre des activités intellectuelles de Jacqueline Risset. L’autrice autotraduit en italien son recueil de poèmes «L’Amour de loin» lorsqu’elle constate l’impact que le texte de «La Divine Comédie» de Dante produit sur sa propre poésie. «Amor di lontano» témoigne ainsi de la rencontre linguistique et culturelle de deux poètes et de l’assimilation de l’italien, langue d’adoption de Jacqueline Risset, au niveau de la création. Cette autotraduction, redevable au tournant dantesque de sa production poétique, permet à l’autrice de livrer une image de soi à travers ses conceptions littéraires cristallisées autour du thème de l’«amor de lonh» rudellien. Vingt ans plus tard environ, l’autoanthologie autotraduite «Il Tempo dell’istante. Poesie scelte 1985-2010» livre au public italien l’autoportrait de l’autrice et affiche sa volonté de prendre place dans la tradition littéraire de son pays d’adoption. L’article démontre comment la pratique autotraductive, à l’origine d’une réflexion et d’une prise de conscience de la multiplicité intérieure du sujet autotraduisant, ainsi que le concept d’‘instant’ au cœur de sa poésie, acheminent progressivement Jacqueline Risset vers l’écriture de soi, en libérant les cellules les plus intimes et les plus profondes de la perception et en favorisant une approche à la prose.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.